jeudi 12 janvier 2012

Premier test

Le week end dernier, nous avons recu nos premiers « clients ». Un couple avec une fillette du même âge que Noa, qui envisage de s’installer à Ishigaki pour s’éloigner des risques de contamination radioactive. Ils avaient contactés Maiko pour avoir des renseignements, et nous leur avons proposé de loger chez nous lors de leur première visite de l’ile.

Il a donc fallu faire un gros rangement dans la maison pour que cela ressemble un peu moins a un chantier. L’étage n’étant pas encore aménagé, nous leur avons préparé une chambre au rez de chausse. Maiko a donc refait les shojis (les cloisons en papiers qui séparent les pièces d’une maison japonaise) et il a fallu trouver les portes coulissantes qui correspondent (et les raboter pour les ajuster) de manière a pouvoir fermer une chambre.

Apres le reste était plus facile, nous avons opte pour une formule conviviale, un peu comme si nous accueillons des amis a la maison pour un week end. Diners ensemble a la maison, petits déjeuners sur place, et ensuite ils partaient pour leurs occupations de la journée. Noa et Manon se sont fait une copine, a un tel point qu’elles ont eu du mal a se séparer a la fin.

A priori ils étaient contents. Nous aussi, on apprécie bien cette formule qui permet de briser la glace assez vite et de discuter avec des gens d’horizons très différents, par exemple cette fois ci un violoncelliste et une passionnée d’écologie. Bon évidemment ca ne sera peut être pas aussi sympathique a chaque fois, mais c’est intéressant.
Mon niveau de Japonais montre vite ses limites (des que je sors de mon domaine, le vocabulaire me manque) donc c’est plutôt Maiko qui fait la conversation et moi la cuisine, mais on se complète plutôt bien. Reste a voir ce que sa donnera avec 30 personnes dans la maison…

La semaine bricolage au programme, nous avons la visite d’un ami charpentier et qui vient nous aider dans les travaux.

L’ecole de Noa


L’ecole primaire de Shiraho est a 5min a pied de la maison. Noa y va a pied avec ses deux voisines copines de classes, comme c’est la cas partout au Japon : les écoliers se regroupent pour marcher ensemble vers l’école, et quelques parents se postent aux carrefours dangereux pour assurer la securite. Pour Noa, il n’y a qu’une rue a traverser, donc ca va. L’école est immense (par rapport aux critères Japonais), un grand parc, un gymnase, une piscine au collège juste a cote  et …12 élèves dans la classe de Noa. 

L'ecole primaire de Shiraho


Maiko m’expliquait qu’il y a eu un sentiment de culpabilité du Japon vis-à-vis d’Okinawa suite a la WW2 (Okinawa a subi les combats avec les américains, puis l’occupation américaine beaucoup plus longtemps que Honshu, sans compter le problème encore très actuel des base militaires US) et en guise de réparation, Okinawa a reçu des subventions pour des infrastructures importantes. Ainsi a Ishigaki, les écoles sont grandes, la bibliothèque municipale est magnifique (bien qu’ un peu pauvre en livres anglophone a mon gout), la piscine est un bassin olympique, il y a un même un tunnel routier pour traverser la zone montagneuse …mais revenons a l’école.
Noa est en première année, l’équivalent du CP, elle apprend a lire et a compter. Elle maitrise déjà les 2 alphabets Hiragana et Katakana et quelques idéogrammes, ainsi que les additions et les soustractions. Nous sommes évidemment très fiers d’elle, d’autant plus que contrairement a ses nouvelles copines de classe, a la rentrée scolaire elle partait vraiment de zero, elle ne connaissait aucune lettre.

En effet Il n’y a pas vraiment d’école maternelle au Japon, plutôt l’équivalent de crèches, et quand nous habitions pres de Tokyo, les filles allaient dans une crèche un peu spéciale, qui suit une méthode de développement des enfants venu justement…d’Okinawa (Saito sensei shisen Oiku pour les connaisseurs) qui consiste a privilégier jusqu'à 5 ans le développement moteur, le contact avec la nature, les jeux dans le sable et la terre, ainsi que le dessin, en laissant volontairement de coté l’apprentissage des lettres et des chiffres. Il y a une théorie derrière ca, l’apprentissage des lettres entraine le développement de certaines zones du cerveau, qui une fois développées empêcheraient le développement d’autres zones, mais je m’éloigne encore du sujet, et j’aurais surement l’occasion de vous reparler de cette crèche puisqu’ils ont été nos premiers « clients » officieux et vont certainement organiser d’autres séjours chez nous avec les enfants. Tout ca pour dire que contrairement aux autres élèves, Noa partait vraiment de zero.

Bien sur, les cours sont 100% en Japonais, et Noa n’apprend pas a écrire en Français. Ca l’intéresse, quand je lui lis des livres en Français elle me demande souvent de lire un mot en particulier en le montrant du doigt. Je préfère ne pas lui faire tout mélanger, et la laisser apprendre a lire en Japonais, mais bientôt, sans doute des cet été, il va falloir que je m’improvise instituteur pour lui apprendre a lire en Français, ca ne va pas être facile…
 d’ailleurs si parmi il y en a qui ont expérimenté ce genre de choses, j’attends vos conseils.

Ishigaki et les iles Yaeyama

Je ne vous ai pas encore parle de notre ile. Ishigaki fait partie de l’archipel de Yaeyama, un ensemble d’une dizaine d’iles plus proche de Taiwan que de Naha. Au niveau nature, on y trouve des plages magnifiques, des sites de plongée /snorkelling de niveau mondial, un écosystème jungle-mangrove unique (a Iriomote), deux petites montagnes qui permettent des treks a la journée dans une végétation tropicale.
Il y a aussi une culture locale qui se manifeste par des festivals (matsuris) étonnants, j’aurais l’occasion d’y revenir.



Ce qui nous a séduit outre les paysages et le climat, c’est la taille et la géographie de l’ile. Une ville de 45000 habitants, avec ce qu’il faut de commerces, hôpitaux, lycée, au sud et une zone beaucoup plus sauvage au nord, le tout facilement accessible en moins d’1 heure de voiture. Les autres iles de l’archipel sont accessibles en ferry.
Ce qui manque c’est un aéroport international avec des liaisons vers Taipei, Hongkong et Shanghai, ca viendra j’espère avec le nouvel aéroport qui est en cours de construction.
L’économie locale est basée sur l’agriculture, la pêche et bien sur le tourisme. L’ile est autonome en riz, legumes, viande et eau douce, ce qui en ce moment est tres appreciable. L’electricite est produite par une centrale thermique sur place.  (Malheureusement, la centrale nucleaire la plus proche n’est qu’a 400km a Taiwan)

La plus grande ile de l’archipel est Iriomote, a 30 min de ferry, ou se trouve une jungle et des mangroves abritant une tres grande biodiversite, avis aux amateurs d’insectes, reptiles et petits oiseaux.

Je ne connais pas encore les autres iles, mais il y a assurément des choses a découvrir, j’ai déjà noté pour nos futures visites le centre d’études des tortues de Kuroshima, les plages de Kohama et les maisons de style okinawa traditionnel de Taketomi.

Allez une petite photo de plage pour le plaisir (cliquer dessus pour agrandir). 


Le terrain d’en face, et le village de Shiraho

Je continue la visite avec la description des alentours. En face de la maison, il y a un autre terrain de la même taille que le notre et encore un troisième, qui appartenaient au même propriétaire. Les 3 étaient a vendre, mais c’était malheureusement hors de notre budget (mais de toute façon trop cher donc on espère que personne ne viendra acheter).
Le propriétaire est d’accord pour nous louer une partie pour faire un parking et un jardin.  Il y a juste en face de chez nous, sur ce terrain que nous allons louer, une vieille maison style Okinawa, qui malheureusement tombe un peu en ruine et une sorte de pergola qui peut faire une agréable terrasse.



Il y a aussi de la place pour faire jouer les enfants ou faire un jardin potager.
Autour, il y a d’autres maisons, plus ou moins dans le style traditionnel local, dans le genre de celle-ci juste derriere chez nous. 



nous sommes dans le village de Shiraho, un village calme, qui a gardé son caractère traditionnel, et qui malgré ses airs nonchalants montre parfois une vitalité étonnante. Il y a énormément d’activités, de fêtes, des cours de patois local pour les enfants, des cours de sanshin (l’instrument a 3 cordes traditionnel), des tournois sportifs, et les matsuris (fêtes) très fréquents. Il y a une sorte de vie associative que je ne croyais pas possible au Japon. Maiko et les filles commencent a être bien intégrées et participent de plus en plus a ces activités. Pour ma part, je ne suis pas encore sur place assez souvent, mais ca va venir.